« Prenez soin de vous », cette phrase répétée à tout bout de champ ces derniers temps, rappelle les méthodes de management dans les supermarchés, quand les caissières exténuées en fin de service étaient sommées de répéter « bonne journée » à chaque client. « Prenez soin de vous », c’est l’injonction à se replier sur soi et sur ses proches. « Prenez soin de vous » aujourd’hui face à l’épidémie, mais pas hier face à la pollution, aux conditions de travail, encore moins pour les personnes qui crèvent de faim, qui dorment dehors. « Prenez soin de vous » comme si c’était plus important aujourd’hui, comme si la situation qu’on nous soumet en renforcerai l’exigence. « Prenez soin de vous », c’est la nouvelle logique du Capital, sa réaction face au virus. « Prenez soin de vous », et oubliez que c’est le monde dans lequel on vit qui nous tue à petit feu. Que tout le monde mange ses vitamines, fasse du sport, mange bio, pense à soi et ses proches mais par pitié épargnez nous l’hypocrisie, les bons sentiments, qui vont éteindre à jamais les braises de la révolte. Aller bisous, et prenez soin de vous.